Exposition virtuelle

Une histoire des coopératives ouvrières de production

XIXe siècle (seconde partie) : les premières coopératives ouvrières modernes dans la tourmente de l'histoire

Les formes "archaïques" de coopération présentes depuis plusieurs siècles dans les campagnes font donc des émules auprès du prolétariat urbain français du XIXe siècle. Celui-ci revendique une organisation plus juste du travail, le droit d'association et un affranchissement du louage de la personne humaine au propriétaire du capital. En résumé, l'abolition de la propriété capitalistique et du salariat qui offrait alors des conditions d'existence précaires doublées d'une dépendance vitale au "patron".

La grève des mineurs (1880), d'Alfred Roll illustrant la grève de Carmaux dans Le Petit Journal du 1er octobre 1892. Bibliothèque nationale de France/Gallica.

Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'autoritaire Second Empire se libéralise et abroge le délit de coalition en 1864. La création de syndicats et de coopératives est alors rendue possible, multipliant les initiatives sur l'ensemble du territoire.

Dans ses écrits, François Espagne cite le parcours de Jean-Louis Favaron, compagnon charpentier originaire de Haute-Garonne, qui s'installe à Paris en 1893 pour fonder "Les Charpentiers de Paris", une association ouvrière de production florissante aux caractéristiques proches des Scop contemporaines. Avec la volonté de fédérer le réseau des AOP, il créé également en 1884 la Chambre consultative des Associations ouvrières de production, préfiguration de l'actuelle Confédération générale des Scop qui verra le jour en 1937.

Jean-Louis Favaron fonde avec un groupe de 26 Compagnons du devoirs issus de la société "Les Charpentiers de la Villette" la coopérative "Les Charpentiers de Paris", en association ouvrière. http://www/les-charpentiers-de-paris.fr/entreprise/histoire/  Dictionnaire biographique des grands commerçants et industriels, BnF-Gallica. 

Dans cette histoire du mouvement coopératif, il ne faut toutefois pas négliger le traumatisme de la Commune de Paris qui, en 1871, a conduit à l'écrasement des militants coopérateurs ayant réorganisé la production dans les usines désertées par les patrons. Dès lors, les ouvriers prennent conscience qu'il leur faudra, pour concrétiser la transformation sociale souhaitée, compter sur deux piliers forts du siècle nouveau qui se profile : l'action politique - portée par l'influence de la première Internationale marxiste - et l'action syndicale.