XIXe siècle (seconde partie) : les premières coopératives ouvrières modernes dans la tourmente de l'histoire
Les formes "archaïques" de coopération présentes depuis plusieurs siècles dans les campagnes font donc des émules auprès du prolétariat urbain français du XIXe siècle. Celui-ci revendique une organisation plus juste du travail, le droit d'association et un affranchissement du louage de la personne humaine au propriétaire du capital. En résumé, l'abolition de la propriété capitalistique et du salariat qui offrait alors des conditions d'existence précaires doublées d'une dépendance vitale au "patron".
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, l'autoritaire Second Empire se libéralise et abroge le délit de coalition en 1864. La création de syndicats et de coopératives est alors rendue possible, multipliant les initiatives sur l'ensemble du territoire.
Dans ses écrits, François Espagne cite le parcours de Jean-Louis Favaron, compagnon charpentier originaire de Haute-Garonne, qui s'installe à Paris en 1893 pour fonder "Les Charpentiers de Paris", une association ouvrière de production florissante aux caractéristiques proches des Scop contemporaines. Avec la volonté de fédérer le réseau des AOP, il créé également en 1884 la Chambre consultative des Associations ouvrières de production, préfiguration de l'actuelle Confédération générale des Scop qui verra le jour en 1937.
Dans cette histoire du mouvement coopératif, il ne faut toutefois pas négliger le traumatisme de la Commune de Paris qui, en 1871, a conduit à l'écrasement des militants coopérateurs ayant réorganisé la production dans les usines désertées par les patrons. Dès lors, les ouvriers prennent conscience qu'il leur faudra, pour concrétiser la transformation sociale souhaitée, compter sur deux piliers forts du siècle nouveau qui se profile : l'action politique - portée par l'influence de la première Internationale marxiste - et l'action syndicale.
Ecrits de François Espagne :