1884 : La revanche des associations ouvrières de production
Le long chemin de la coopération dans les méandres du XIXe siècle.
C'est au XIXe siècle, au coeur de la société industrielle florissante, que l'histoire coopérative s'est forgée et structurée dans sa forme moderne, celle que nous connaissons et pratiquons encore de nos jours.
Dès 1830, de nombreuses coopératives ouvrières s'organisent suite à la Révolution de Juillet, et ce malgré l'interdiction toujours en vigueur de la Loi Le Chapelier de 1791. Les années qui s'en suivent voient alterner initiatives et répression : l'avènement de la IIe République apporte un nouvel espoir avant que les répressions policières ne mettent à mal les associations ouvrières, qui résistent cependant à l'appel d'intellectuels engagés, telle la militante féministe Jeanne Deroin. C'est l'instauration du Second Empire, en 1851, qui mettra brutalement terme à la première tentative de fédérations des associations ouvrières. Un nouvel élan ouvrier de réappropriation des moyens de production sera apporté par la Commune de Paris de 1871, mais la répression du gouvernement Thiers rappellera de nouveau à l'ordre toute velléité d'organisation coopérative.
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Enfin, alors que le mouvement ouvrier reprend vigueur sous la IIIe république, le Congrès ouvrier de 1879 s'oppose à la coopération. Il faut attendre 1894 pour que des dirigeants syndicaux et hommes d'Etat réformistes prennent fait et cause pour le mouvement coopératif.
1884 : création de la Chambre consultative des AOP
En 1884, 51 coopératives ouvrières sont recensées en France. Parmi elles, 22 se fédèrent sous l'impulsion de René Waldeck Rousseau, alors ministre de l'Intérieur, pour créer la Chambre consultative des associations ouvrières de production (AOP). Ce nouvel organe représentatif du mouvement coopératif est l'ancêtre de l'actuelle Confédération générale des SCOP et des SCIC.
Sans structure précise - il faudra attendre la loi de 1905 pour qu'une déclaration d'association puisse être officielle - la Chambre consultative des AOP organise son premier Congrès en 1900 et se structure autour de trois chantiers prioritaires, d'inspiration fouriériste :
- La création d'instruments financiers collectifs, avec principalement la création de la Banque coopérative des sociétés ouvrières de production ;
- La négocation avec les pouvoirs publics (accès aux crédits d'Etat et aux marchés publics), alors favorables au mouvement coopératif ;
- La formalisation des règles statutaires de la coopération ouvrière.
En 1983, la Chambre consultative des AOP, créé le journal l'Association ouvrière, ancêtre du magazine actuel Participer, avec lequel il entretient une réelle filiation. Cet organe de prese est essentiel à la diffusion des idées et des actualités d'un mouvement coopératif qui ne cesse de prendre de l'ampleur à la faveur à l'orée du XXe siècle naissant.
La Chambre consultative des AOP s'installe rapidement dans le paysage comme un mouvement fédérateur incontournable - 247 coopératives de production adhèrent en 1900 - en complément de l'action syndicale qui reste le pilier majeur de la défense du monde ouvrier.