Crises et nouvel élan XXe siècle
Dans les premières années du XXe siècle, les décisions prises lors du Congrès de 1900 sont mises en applications et constituent une base d'organisationnelle solide au service des sociétés coopératives.
Cependant, ces dernières cherchent encore à établir la stabilité d'un modèle nouveau, et à en assurer un développement pérenne. Chaque corporation travaille ardemment à la structuration de ses coopératives, en visant une plus grande justice sociale (gouvernance partagée, répartition des bénéfices, protection sociale, coopératives de consommation, etc.) et une autonomie financière avec l'aide de la Banque des coopératives et l'abondement de prêts par l'Etat.
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L'entrée en guerre de l'Europe en 1914 vient rapidement mettre à mal l'activité des sociétés coopératives qui peinent à remplir leurs carnets de commande. Pour autant, le système de solidarité propre à la coopération, ainsi que l'appui de la Chambre des AOP, leur permet de maintenir le cap.
En 1915, le code du travail évolue : les associations ouvrières de production sont remplacées par le statut des SCOP - sociétés coopératives ouvrières de production. Elles sont ainsi reconnues comme des entreprises à part entière, dont les règles de fonctionnement définies par la loi leur apportent une première sécurité juridique qui faisait jusqu'alors défaut. Loin de vouloir rompre avec le modèle du salariat, c'est le nouvel modèle de salariat qui place le capital au service du travailleur, que le Mouvement coopératif propose d'enraciner.
Dans l'entre-deux-guerres, les SCOP retrouvent une santé financière et commencent à se démultiplier sur tout le territoire français. En 1937, la Chambre consultative des AOP accélère sa transformation et devient la Confédération générale des Sociétés ouvrières de production. Elle va ainsi pouvoir renforcer son action centrale tout en accompagnant un nécessaire processus de décentralisation. Les Fédérations régionales jouent désormais un rôle primordial en assurant une relation de proximité avec les sociétés coopératives locales.
Après la Libération de 1945, la Confédération générale des SCOP connaît une nouvelle impulsion grâce à Antoine Antoni, Secrétaire général emlématique qui assure cette fonction jusqu'en 1980.
En parallèle des fédérations régionales, des fédérations professionnnelles se constituent. En réponse aux besoins de reconstruction du pays, c'est tout d'abord la Fédération des SCOP du BTP qui voit le jour en 1946. Elle sera suivie de la Fédération des SCOP de la Communication en 1949 puis de celle de l'Industrie en 1981.
Jusque dans les années 1960, la Confédération des SCOP oeuvre principalement à son assise juridique sur la base de la loi Ramadier de 1947 (viendront les lois de refonte de 1978 puis de modernisation de 1992) et au financement de nombreuses créations de sociétés coopératives. Elle s'ouvre aussi à de nouvelles sensibilités - notamment les communautés de travail, qui jusqu'alors s'opposaient idéologiquement à la coopération. Ces éléments, combinés à l'élan libertaire de mai 1968, expliquent une forte augmentation du nombre de SCOP actives et un taux d'adhésion à la Confédération générale qui atteint les 100 % dans les années 1980.
Dans cette dynamique, à la fin du XXe siècle est marquée par une augmentation continue du nombre de SCOP, une poursuite de la décentralisation et la création d'une nouvelle forme coopérative : la coopérative d'activités et d'emploi (CAE), en 1995. Avec environ 1300 adhérents au tournant de l'an 2000, une nouvelle ère s'annonce prometteuse pour la Confédération générale des SCOP.