La coopération, une vision européenne
Dans la seconde moitié du XIXe siècle, les systèmes de production d'antan ne permettent plus aux agriculteurs de rester compétitifs. Un fossé se creuse entre une France rurale et le monde moderne régit par la finance qui regarde essentiellement... du côté de l'industrie et des grands travaux. En un mot : le progrès!
A la campagne les exploitations sont le plus souvent familiales. Redoutant l'endettement, elles sont à la peine pour moderniser leur équipement et améliorer les rendements. Et pour cause, les banques ne leur proposent pas de prêts adaptés, c'est-à-dire à long terme, suffisamment souples et bons marché.
Pour répondre à cette problématique, plusieurs établissements bancaires tentent d'imposer de nouveaux modèles bancaires. Parmi eux, nous pouvons citer la "banque du peuple" fondée par Pierre-Joseph Proudhon en 1848 et une banque des agriculteurs, créée sous l'égide du Crédit foncier en 1861. Mais toutes ces tentatives se soldent par des échecs...
Les agriculteurs ne baissent pas les bras pour autant! Ils s'inspirent au fil du temps d'expérimentations coopératives réalisées en Europe, notamment en Angleterre, en Italie et en Allemagne où les premières banques coopératives de crédit verront le jour sous l'impulsion de Frédéric-Guillaume Raiffeisen et Hermann Shulze-Delitzsch dans les années 1860.
Les grands principes de l'entreprise coopérative s'affirment peu à peu dans toute l'Europe et les agriculteurs français s'en emparent : mutualisation des ressources, sociétariat et solidarité seront la réponse aux nouveaux défis de l'économie paysanne. La machine coopérative est désormais en marche ; il reviendra à la IIIe République de réunir les conditions nécessaires à son implantation à long terme dans le paysage socio-économique français.