Exposition virtuelle

Les Congrès de la confédération nationale de la mutualité, de la coopération et du crédit agricoles

1940-1946 : les années sombres

Depuis le 1er septembre 1939, le conflit qui prendra bientôt une ampleur mondiale, embrase l'Europe. Dans ce contexte de tension, le 28e Congrès national qui était initialement prévu à Poitiers, se voit délocalisé à Paris pour faciliter le transport des délégués. En mai 1940, la Feuille d'informations agricole annonce aux adhérents de la FNMCA ce changement de lieu et de programme : 

"Notre Congrès sera un Congrès de guerre, uniquement consacré à des séances de travail, et son programme sera adressé à toutes nos associations dès qu'il sera définitivement arrêté."

Feuille d'informations agricoles, mai 1940.

Les rassemblements festifs organisés à l'occasion des Congrès nationaux semblent bien loin. Peu de temps après, la France capitule et les pleins pouvoirs sont attribués au Maréchal Pétain, qui dissout sans tarder les syndicats et instaure la Corporation nationale paysanne comme organe référent du monde agricole. Ces évènements conduisent la CNMCCA à cesser ses activités, et le Congrès national de la mutualité et de la coopération agricoles de 1940 est finalement annulé.

C'est Henri Queuille, alors président de la FNMCA, qui fera acte de résistance pour le compte de la FNMCA. Opposant à Philippe Pétain depuis son accession au pouvoir, Henri Queuille quitte le gouvernement en 1940 et se retire à Neuvic, commune de Corrèze dont il devient le maire. Mais en 1941, il est révoqué de cette fonction par le régime de Vichy et rejoint Londres en 1943, sur demande du Général de Gaulle. Là, il lance un appel à la résistance destiné aux paysans de France.

Henri Queuille, président de la FNMCA part en exil à Londres puis à Alger en novembre 1943 où il organise le 28e Congrès de la mutualité, de la coopération et du crédit agricoles. Archives CNMCCA.

"Français il ne suffit pas de souhaiter la victoire de l'Angleterre et de l'URSS, il faut que vous y participiez activement", [1941-1942]. Musée national de la résistance.

Nommé commissaire d'Etat du Comité français de la Libération nationale (CFLN), il décide d'organiser le 28e Congrès national de la mutualité, de la coopération et du crédit agricoles à Alger. Le 24 novembre 1943, le Congrès réunit des représentants en exil des organisations mutualistes et coopératives agricoles, ainsi que des délégués de l'Algérie et de la Corse, régions qui ont été récemment libérées.

Dans son allocution d'ouverture, André Diethelm, commissaire au Ravitaillement et à l'Agriculture au sein du CFLN, déclare : 

"Il me semble que ce premier Congrès, depuis les évènements de juin 1940 [...] est doublement réconfortant : il apporte la preuve que la violence, l'oppression, l'illégalité ne peuvent détruire ni les hommes ni les institutions."

Il dénonce ouvertement la Corporation paysanne initiée par le régime de Vichy : 

"Nous savons quelle lutte de tous les instants les agriculteurs mènent contre l'envahisseur et contre le prétendu Gouvernement de Vichy, son complice ; nous savons quelle résistance ils opposent à la livraison de leurs récoltes et à la réquisition ; nous savons quel appui ils apportent à ceux de nos frères qui se cachent dans les maquis ou fuient la conscription ; nous savons aussi de quel héroïsme silencieux ils cachent des aviateurs abattus, participent à des actions de guerre, et sont la cheville ouvrière de l'immense travail souterrain, dont jaillira bientôt la libération."

Il faudra attendre cette libération, tant attendue, et l'année 1947, pour que se tienne le prochain Congrès national de la mutualité, de la coopération et du crédit agricoles.

[1940-1946] Les archives du Congrès par année :