La SNEA, aux origines de la confédération agricole
Nous sommes en 1880. Léon Gambetta est Président de la Chambre des députés de la IIIe République et s’apprête à prendre la présidence du Conseil. C’est sous son parrainage que naît la Société nationale d’encouragement à l’agriculture (SNEA), dont l’objectif est de promouvoir les intérêts des agriculteurs, en favorisant l’implantation de caisses mutuelles de crédit et de coopératives agricoles sur le territoire français.
Soutenue par le ministère de l’Agriculture dont les prérogatives sont élargies en 1881, la SNEA installe son siège au 5 avenue de l’Opéra, à Paris. Avec pour fonction d’assurer un lien entre les agriculteurs et le gouvernement, elle est loin de faire l’unanimité. En effet, elle entre en concurrence avec une organisation similaire préexistante : la Société des agriculteurs de France (SAF), fondée en 1867. Conservatrice, monarchiste et catholique, la SAF rassemble de grands propriétaires fonciers représentants de la noblesse et de la haute bourgeoisie. La rivalité entre ces deux organisations reflète une société divisée politiquement et idéologiquement suite à la guerre franco-prussienne de 1870 et au rétablissement de la République.
Principal témoin des activités de la SNEA, La Semaine agricole voit le jour dès 1881. A travers la publication de nombreux articles, chroniques, comptes rendus, conseils professionnels et autres actes de congrès, cet organe de diffusion vise à informer les agriculteurs mais aussi à les rallier à la politique de la IIIe République naissante qui cherche des soutiens jusque dans les campagnes.
A la fin du XIXe siècle, le gouvernement adopte une succession de lois encourageant l’organisation syndicale et professionnelle des agriculteurs. Dès 1884, la constitution de syndicats est autorisée et dix ans plus tard les premières sociétés de crédit mutuel voient le jour grâce à la loi Méline, qui facilite l’attribution de crédits de financement dédiés à la production agricole. Pour compléter ce dispositif, la loi Viger du 31 mars 1899, incite à la création de caisses régionales pour fédérer les caisses locales de leur ressort et promouvoir le mutualisme sur leur terriotoire. Le financement coopératif de l’agriculture devient un modèle incontournable.
De ces lois découlent des solutions nouvelles en réponse aux problématiques du monde agricole de l’époque. L’innovation économique et sociale est à l’œuvre ! C’est dans le XXe siècle naissant, notamment grâce à la loi de 1901 sur la liberté d’association, que les mouvements coopératifs et mutualistes vont poursuivre leur structuration et se consolider.